Bon à savoir
Les infections sexuellement transmissibles (IST) demeurent un enjeu majeur de santé publique en Belgique et en Région bruxelloise. Elles regroupent des infections d’origine bactérienne (syphilis, gonorrhée, chlamydiose, trichomonose) et virale (hépatite B, herpès, papillomavirus, VIH).
Selon Sciensano, les cas d’IST sont en nette augmentation ces dernières années, avec une hausse moyenne estimée à près de 60 % entre 2017 et 2023 en Belgique. En 2023, 665 nouveaux diagnostics de VIH ont été posés, soit une hausse de 13 % par rapport à 2022, avec une incidence plus élevée en Région bruxelloise. Ces chiffres traduisent à la fois une meilleure détection et une persistance des comportements à risque.
Le VIH est aujourd’hui une infection chronique bien contrôlée grâce aux traitements antirétroviraux. Lorsqu’une personne suit correctement son traitement et que sa charge virale devient indétectable, elle ne transmet plus le virus par voie sexuelle (principe U=U – Undetectable = Untransmittable). Il est alors essentiel de changer le regard porté sur le VIH : vivre avec le virus n’empêche pas d’avoir une vie affective, une sexualité épanouie ni de devenir parent. Déconstruire la stigmatisation permet non seulement de favoriser l’accès au dépistage et aux soins, mais aussi de soutenir l’inclusion, la dignité et la qualité de vie des personnes concernées.
Comportements à risque et publics vulnérables
Les IST peuvent concerner toute personne sexuellement active. Cependant, certains comportements augmentent le risque de transmission tels que les rapports sexuels non protégés, la multiplicité des partenaires, la consommation de substances en contexte sexuel (chemsex) ou le partage de matériel d’injection. Certaines populations sont plus exposées, notamment les personnes issues de la migration, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les personnes LGBTQIA+ et les jeunes adultes. Ces publics cumulent parfois des barrières structurelles (accès aux soins, précarité, stigmatisation) qui renforcent leur vulnérabilité.
Points d’attention pour les professionnel·les
La prévention des IST et du VIH repose sur une approche globale, articulée autour de quatre niveaux complémentaires. Les professionnel·les social-santé y occupent une place essentielle car leurs actions combinent prévention, accompagnement et plaidoyer en faveur de la réduction des inégalités de santé.
1. Éduquer et sensibiliser
Informer et éduquer dès le plus jeune âge, via l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), permet de prévenir les risques avant leur survenue. Les professionnel·les du social et de la santé jouent un rôle clé dans la transmission de messages positifs et inclusifs sur la sexualité, le respect, le consentement et la prévention, dans les écoles, associations ou lieux communautaires.
2. Dépister et orienter
Le dépistage constitue un pilier essentiel de la prévention. Il permet de diagnostiquer précocement une infection et d’en éviter la transmission. Les modalités incluent les tests sanguins, les tests rapides (TROD) et le dépistage anonyme et gratuit dans les centres de référence VIH ou lors de campagnes locales. Les professionnel·les peuvent encourager le dépistage régulier, orienter vers les dispositifs accessibles et adapter leur communication aux différents publics.
Le dépistage peut se faire :
- Chez son·sa médecin généraliste : pour trouver un·e médecin généraliste à Bruxelles, le numéro 1710 est accessible aux bruxellois·es
- Dans une maison médicale : https://www.maisonmedicale.org/trouver-une-maison-medicale/
- Dans un centre de santé communautaire – Wijkgezondheidscentrum : https://vwgc.be
- Dans un centre de planning familial : Je trouve mon centre – Mon Planning Familial
- Dans un centre de référence VIH et IST : Centres de référence VIH & IST – depistage.be
- Dans des associations spécialisées : Associations – depistage.be
- Lieux de dépistage des IST à Bruxelles : ► Où puis-je me faire dépister des IST à Bruxelles ? | depistage.be
3. Soigner et accompagner
Une prise en charge rapide et globale (médicale, psychologique, sociale) permet d’assurer un suivi efficace et de préserver la qualité de vie. Les personnes vivant avec le VIH peuvent aujourd’hui mener une vie normale grâce aux traitements antirétroviraux, à condition d’un accompagnement continu et coordonné.
La Région bruxelloise dispose de plusieurs structures spécialisées et associations communautaires dédiées à cet accompagnement tels que les centres de référence VIH : il s’agit de centres hospitaliers qui assurent la prise en charge multidisciplinaire (médicale, infirmière, psychologique, sociale) des personnes vivant avec le VIH et qui offrent un suivi régulier, l’accès au traitement antirétroviral, à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et post-exposition (PPE).
CHU Saint-Pierre – Centre MIA
Rue Haute 322, 1000 Bruxelles (Site Porte de Hal, Bâtiment 900)
02/535 31 77- Centre MIA – CHU Saint-Pierre | UMC Sint-Pieter
Cliniques universitaires Saint-Luc (UCLouvain)
Avenue Hippocrate 10, 1200 Bruxelles – Route 361, niveau -1
02/764 21 98 – www.saintluc.be
Hôpital Erasme (ULB)
Route de Lennik 808, 1070 Anderlecht
02/555 74 84 (également pour urgences VIH, TPE, IST et PrEP)
UZ Brussel (VUB – campus Jette)
Avenue du Laerbeek 101, 1090 Jette
02/477 60 01
Hôpital Etterbeek-Ixelles
Rue Jean Paquot 63, 1050 Ixelles
02/641 41 11
Liste complète : https://preventionsida.org/fr/contacts-utiles/se-soigner/
Les associations communautaires et de soutien
- Plateforme Prévention Sida (PPS) – Accompagnement, sensibilisation, outils d’éducation et lutte contre la stigmatisation – www.preventionsida.org
- Aide Info Sida asbl – Écoute, soutien moral, accompagnement par des pairs, séances d’information et test rapide VIH/syphilis – 080020120 numéro vert – www.aideinfosida.be
- Ex Æquo asbl – Accompagnement et prévention communautaire auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et personnes LGBTQIA+
- 2/736 28 61 www.exaequo.be
- Sofélia – Service d’accueil et de suivi social pour personnes séropositives et/ou en situation de précarité – www.sofelia.be
4. Préserver la qualité de vie et prévenir la stigmatisation
Limiter les conséquences sociales, psychologiques et discriminatoires liées au VIH et aux autres IST ne se limite pas à la prévention médicale, il s’agit aussi à prévenir les effets néfastes du regard social, du système de soins ou des pratiques professionnelles qui peuvent accentuer la souffrance ou l’exclusion. Elle consiste à accompagner les personnes concernées dans la durée, à préserver leur qualité de vie et à garantir leurs droits (accès aux soins, vie affective, emploi, parentalité). L’idée est de déconstruire les préjugés et de favoriser un accompagnement bienveillant et inclusif, centré sur les besoins et le vécu des personnes.
Les professionnel·les social-santé peuvent agir en :
- créant un climat de confiance et d’écoute bienveillante ;
- identifiant et corrigeant les attitudes ou discours stigmatisants ;
- collaborant avec les associations communautaires et les structures locales de soutien ;
- valorisant les compétences et la participation des personnes vivant avec le VIH dans les actions de prévention et d’accompagnement