Le rapport d’activité annuel est une belle occasion de se replonger dans l’année écoulée, de s’arrêter un instant pour poser un regard sur les changements majeurs en termes d’organisation – de Brusano mais aussi du secteur social-santé plus largement.
Plus que jamais, 2024 a demandé à Brusano de s’adapter à un nouveau contexte. L’asbl s’est vue confier, en plus de ses missions précédentes, la coordination des bassins d’aide et de soins.
Conscients que ce qui est en construction relève d’un changement de grande ampleur qui mettra plusieurs années à se mettre en place et que de nombreuses évolutions dans le système sont encore nécessaires pour y parvenir, c’est tout Brusano qui s’est engagé avec conviction dans ce grand chantier collectif.
L’organisation territoriale n’était pas quelque chose de nouveau pour l’asbl. C’est l’hypothèse de travail qui est retenue depuis 2020 comme une alternative permettant d’organiser un système qui ait la capacité de mieux répondre aux besoins évolutifs de la population.
Le Plan Social-Santé Intégré (PSSI), et en particulier la mise en place du niveau méso (les bassins d’aide et de soins), était pour Brusano une occasion de développer à une plus grande échelle le travail mené depuis de nombreuses années et de capitaliser les apprentissages accumulés.
Réorganiser l’offre social-santé bruxelloise sur une base territoriale afin de définir des zones de « responsabilité populationnelle » constitue un véritable changement de perspective de l’organisation du système.
Dans ce moment de transition, il a fallu continuellement se mettre à l’écoute du terrain pour comprendre ce qui s’y vit et informer les professionnel·les de ce qui allait progressivement se mettre en place sur les différents territoires. Travailler le changement avec un terrain en souffrance est difficile (complexification des situations des bénéficiaires, contexte de pénurie de certains métiers, de saturation de services, d’incertitude budgétaire, de projets précaires, etc.). Un des enjeux dans ce contexte particulier est d’arriver à mobiliser les professionnel·les pour mettre en œuvre la responsabilité populationnelle. Réussir à aboutir à une compréhension commune de ce que cela veut dire en pratique et comment on le met en œuvre a demandé un travail conséquent, qui doit être poursuivi. Les notions d’organisation territoriale du social-santé et de responsabilité populationnelle ont fait l’objet d’un article dans la 1ère édition de Zinneke, la revue consacrée au social-santé en transformation à Bruxelles. A lire et relire ici !
Les professionnel·les du social-santé peuvent éprouver un sentiment de découragement, voire de révolte face à l’ampleur du chantier à venir et au manque de moyens dont ils et elles disposent pour le réaliser. Ce sentiment nous semble tout à fait légitime. Une grande partie des acteur·rices s’accorde néanmoins sur le fait que nul·le ne détient toutes les ressources, tous les savoirs et la légitimité permettant d’apporter une réponse à l’ensemble et la diversité des situations et qu’il est indispensable de développer des cadres communs de collaboration et de soutenir la coordination en sortant des logiques verticales (par pathologie, par public cible, par secteur…) et en soutenant des approches plus collectives et préventives.
Par ailleurs, de nombreux acteur·rices s’accordent sur le fait qu’il n’est pas acceptable que tant de personnes n’aient toujours pas accès à l’aide et aux soins dont elles ont besoin et qu’il est urgent de lutter contre le non-recours. Nous sommes ici au cœur de la responsabilité populationnelle.
Cette nouvelle mission a demandé la mise en place de 5 équipes (celles venant en appui aux bassins d’aide et de soin), un travail sur la vision ainsi que la mise en place rapide d’une structure de gouvernance. L’objectif de cette organisation est de mettre autour de la table une grande diversité d’acteurs associatifs, publics, des prestataires qui, toutes et tous ensemble, doivent définir et mettre en œuvre des actions prioritaires sur les 5 territoires des bassins et à la région, grâce à la connaissance qui s’affine sur les besoins de la population et sur l’offre présente à chaque échelle.
Il s’agit ici aussi de quelque chose de nouveau : mettre en place un pilotage opérationnel collectif sur base de données quantitatives et qualitatives qui proviennent d’une part, des bases de données et, d’autre part, du savoir professionnel et expérientiel de l’ensemble de celles et ceux qui s’engagent dans les conseils de l’action des bassins et de la région.
Nous ressentons que, derrière cette apparente complexité, l’approche territoriale devrait faciliter la mise en place d’une structure de solidarité rendant notre système plus robuste et inclusif. Un des objectifs importants est de réussir à mettre en œuvre des politiques de manière contextualisée, qui tiennent compte des inégalités sociales d’accès à l’aide et aux soins et prennent plus en considération les déterminants sociaux de la santé.
Tout ceci ne dit encore rien de l’activité effrénée qu’a connue Brusano en 2024 et des montagnes de créativité et d’énergie déployées par ses équipes opérationnelles et de support.
Pour cela, il vous faudra lire notre rapport d’activité !
Chapeau bas et haut les cœurs pour (la suite de) 2025 !